8 juillet 2019
Crédit : Maison Eliza
Pauline Basset a cofondé la Maison Eliza en 2016 avec son amie Flora et son compagnon Johan, eux aussi passionnées par le monde des livres et les illustrations pour enfants. Maison Eliza c’est une maison d’édition pour les enfants de 3 à 9 ans qui, en plus de proposer de très jolies histoires pleines de couleurs et de poésie, s’inscrit dans une démarche solidaire et durable. Pour 5 livres vendus, la maison offre un livre à un enfant qui a peu accès à la culture. Ce concept nous a donné envie d’en savoir un peu plus sur l’univers de la petite entreprise au logo menthe à l’eau. Rencontre avec une jeune femme qui crée et qui s’engage !
Bonjour Pauline, peux-tu nous parler de ton parcours ? Comment en es-tu venue à créer une maison d’édition spécialisée dans les albums pour enfants ?
J’ai fait des études de stylisme et j’ai été diplômée en tant que styliste modéliste pour enfants. J’ai travaillé plusieurs années pour des petites marques de vêtements pour enfants, à Paris, en freelance. En parallèle, j’avais depuis longtemps l’idée de faire un livre sur les costumes traditionnels en Asie parce que j’avais fait des recherches sur ce sujet et découvert que c’était un peu compliqué de trouver des éléments intéressants. Le problème c’est que je savais très bien dessiner les personnages mais pas du tout les paysages. J’ai quand même gardé cette idée et un jour mon compagnon, Johan, m’a dit qu’il allait essayer de peindre les paysages. Et c’était super chouette ! On a alors fait une petite maquette avec quelques illustrations en expliquant le concept et on l’a envoyée à plusieurs maisons d’édition. Une maison d’édition suisse nous a dit : « C’est génial, j’en veux cinq pour les cinq continents pour dans un an ». Et en travaillant sur ce projet, en 2014, je me suis rendu compte que ce qui me plaisait le plus n’était pas de m’occuper des illustrations et des textes, mais de dénicher des talents et de faire des livres avec d’autres personnes. J’ai donc eu envie de créer ma maison d’édition. J’ai proposé l’idée à mon amie Flora, passionnée d’illustrations et de bouquins comme moi, et elle m’a répondu : « Ok, on se lance ». On a laissé le projet mûrir un peu, on a fait des petites formations et de mon côté j’ai aussi fait un long voyage autour du monde avec mon compagnon. Puis nous avons créé la Maison Eliza en 2016.
En tant que directrice éditoriale, c’est toi qui t’occupes du choix des manuscrits. Quelle est la ligne éditoriale de Maison Eliza ? Est-ce qu’il y a des thèmes et des tons que vous préférez ?
Je m’occupe du choix des manuscrits, de la relation entre auteurs et illustrateurs, et du travail sur le livre pour qu’il corresponde à notre ligne éditoriale. On a des thèmes « chouchou » qui sont assez récurrents : l’amitié, la tolérance, la différence, le fait de savoir suivre ses rêves. On aime que nos livres soient très poétiques, avec de la douceur, mais aussi qu’il y ait une petite pointe d’humour de temps en temps. Et, au niveau du graphisme, on aime les univers forts et colorés.
Crédit : Maison Eliza
Maison Eliza repose sur un concept solidaire puisque pour 5 livres vendus vous offrez un livre à un enfant qui a peu accès à la culture. Comment ça s’organise concrètement ? Vous travaillez avec des associations ?
On fait le calcul au livre près de ce que nous avons vendu chaque année, en prenant en compte les retours des libraires, au moment du bilan comptable. Et on donne un sixième de nos ventes à des associations. On travaille notamment avec une petite association parisienne qui s’appelle Des rêves et des actes qui travaille avec des hôpitaux pour enfants en France. On travaille aussi avec Biblionef et Bibliothèque sans frontières qui sont des associations qui répondent à des appels à projet dans le monde entier. Et nous sommes ouvertes à d’autres associations qui ont le même genre de besoins.
Maison Eliza s’engage à faire imprimer ses livres en France ou en Europe et à agir de façon responsable. Qu’est-ce que cette volonté implique en termes de circuits de production et de distribution ?
On fait imprimer nos livres en circuit court en France et en Italie. On imprime sur du papier issu de forêts gérées durablement en Europe : pour un arbre qui est abattu pour nos papiers, un arbre est replanté. Ça n’est pas courant dans les métiers du livre, il y a encore beaucoup de gens qui impriment en Europe de l’Est et en Chine parce que c’est moins cher.
Crédit : Maison Eliza
Est-ce que le choix d’un vert menthe à l’eau pour votre logo et votre charte graphique est lié à ces préoccupations éthiques et environnementales ?
Pas vraiment, c’est un choix de graphisme et de couleur, même s’il est vrai que la nature est présente avec l’oiseau de notre logo. Cet oiseau prend appui sur une maison, la Maison Eliza, mais il est au-dessus, prêt à prendre son envol grâce à ce qu’il va puiser dans les livres. Le fait que notre logo soit un Tangram ajoute un côté enfantin, tout comme l’aspect cocon de la maison dans laquelle les enfants peuvent se sentir bien. La maison symbolise aussi notre dimension familiale car nous voulons rester une petite entreprise qui fait son métier avec cœur et passion.
Tes projets, tes rêves pour l’avenir ?
Le rêve serait que Maison Eliza vive le plus longtemps possible parce qu’on s’éclate. Pour l’instant on ne se rémunère pas, comme beaucoup de petites entreprises. Le but serait de gagner un jour suffisamment d’argent pour que l’on puisse ne faire que ça et continuer à faire rêver les enfants.
Qui sont les femmes qui t’inspirent ?
Eliza, c’est un hommage à la maman de mon compagnon qui nous a quittés peu de temps avant que l’on crée la Maison. C’était une femme très inspirante, qui a changé plusieurs fois de vies, pour suivre ses envies. Quand elle est partie, on s’est dit qu’il fallait vraiment que l’on se lance parce que la vie était courte. Eliza nous a beaucoup inspirés. Elle avait vraiment une force de caractère, c’était une belle personne, très humaine.
Par Laura / Elles créent, Mint