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Camille Claudel

SCULPTRICE À L’INCROYABLE TALENT, CAMILLE VÉCUT JUSQU’À LA DESTRUCTION LES AFFRES DE SA PASSION AMOUREUSE

8 décembre 2018

Portrait camille claudel

(Camille Claudel – Crédit : DR)

Artiste au grand talent, amoureuse torturée, femme passionnée, Camille Claudel a produit une œuvre considérable, bien que la folie ayant fini par la gagner l’ait conduite à détruire quantité de ses sculptures. Elle fut en effet profondément marquée par son histoire d’amour avec Auguste Rodin, de 24 ans son aîné, qui dura plus d’une décennie. Incandescente, bouleversante, structurante pour ces deux êtres de passion et pour leurs créations, leur relation fut aussi totalement destructrice. Camille y laissa son cœur, son intégrité psychique et ne s’en remit jamais. Si elle ne connut pas la gloire de son vivant, souffrant d’être toujours comparée à Rodin, Camille Claudel est aujourd’hui à juste titre reconnue comme l’une des plus femmes ayant le plus marqué l’art de la sculpture.

Le 8 décembre 1864, Camille Claudel voit le jour, dans une famille très pieuse. Aînée d’une fratrie de trois enfants, elle est très proche de son frère, l’écrivain Paul Claudel, avec qui elle partagera toujours une relation particulièrement intense. Éduqués par un précepteur, les enfants Claudel sont marqués par le solide enseignement classique qu’ils reçoivent mais également par les étés qu’ils passent à Villeneuve-sur-Fère où Camille et Paul s’échappent pendant de longues heures, en pleine forêt, dans la coulée des roches sculptées par les intempéries.

Dès l’âge de 12 ans, Camille montre un talent étonnant pour la sculpture. Elle est repérée par le sculpteur Alfred Boucher qui lui prodigue des conseils et convainc son père d’installer la famille à Paris, en 1881, pour que Camille puisse y étudier la sculpture. Elle s’inscrit à l’Académie Colarossi, puis loue un atelier rue Notre-Dame-des-Champs avec d’autres femmes artistes. Alfred Boucher vient une fois par semaine corriger leurs travaux, puis, devant s’absenter pour un long voyage d’étude, il demande à son ami Auguste Rodin de prendre le relais.

Camille a 19 ans, Rodin en a 43. Il est fasciné par le talent exceptionnel de Camille qui devient sa collaboratrice, son modèle, sa muse, sa maîtresse. C’est le début d’une relation passionnelle, fusionnelle, tourmentée et destructrice, qui les marquera l’un et l’autre à vie. Ils ne supportent plus d’être séparés et cachent de moins en moins leur relation, bien que Rodin partage la vie d’une autre femme, Rose Beuret.

« Il me semble que je suis si loin de vous ! Et que je vous suis complètement étrangère ! Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente. »
Camille Claudel à Auguste Rodin, 1886.

« Je n’en puis plus, je ne puis plus passer un jour sans te voir. Sinon l’atroce folie. C’est fini, je ne travaille plus, divinité malfaisante, et pourtant je t’aime avec fureur. »
Auguste Rodin à Camille Claudel, 1886.

Leur passion dure près de dix ans mais Camille ne supporte plus la présence de Rose et soupçonne Rodin d’avoir d’autres maîtresses. Jalouse et exclusive, elle exige de Rodin un « contrat » signifiant qu’il n’accepte plus aucune autre élève, qu’il la protège dans les cercles artistiques et qu’il l’épouse. Ce contrat n’aura pas de suite. Camille et Rodin se séparent au début des années 1890.

Camille souffre terriblement de cette rupture et cherche à s’émanciper de l’influence artistique de celui qui fut son maître. Elle ne supporte plus que l’on assimile son travail à celui de Rodin. Elle s’isole et prend de nouvelles directions, comme les « croquis d’après nature », inspirés du quotidien. Elle continue également à sculpter et expose au Salon des artistes français et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts, de laquelle elle devient membre du jury en 1891. 1895 est une année particulièrement importante pour elle : elle reçoit la commande de Clotho en marbre pour commémorer le banquet donné en l’honneur de Puvis de Chavannes, puis sa première commande par l’État : L’Âge mûr.

En janvier 1899, Camille s’installe sur l’île Saint-Louis, où elle vit et travaille recluse. Après le départ de son frère Paul pour la Chine en 1906, elle cesse toute activité créative et entreprend la destruction de ses sculptures. A partir de 1911, sa santé physique et mentale devient réellement préoccupante, tandis qu’elle mène une vie de misère, enfermée dans son atelier, se sentant persécutée par la « bande à Rodin » qui, de son côté, triomphe. En 1913, sa mère la fait interner à l’asile Ville-Evrard, où elle vivra jusqu’à la fin de ses jours, ne sculptant plus. Sa mère ne viendra jamais la voir. Son frère Paul ne lui rendra visite qu’une dizaine de fois en trente ans.

En 1914, Rodin propose qu’une salle de son futur musée soit réservée à l’œuvre de Camille. Paul Claudel s’y oppose catégoriquement. Des années plus tard, bien après la mort de Rodin, il réclamera au Musée Rodin une rétrospective de l’œuvre de sa sœur. Une grande rétrospective y sera ainsi inaugurée le 16 novembre 1951, quelques années après la mort de Camille, décédée le 19 octobre 1943, touchée par la famine qui sévissait dans l’asile où elle était internée. Si elle n’a pas connu la gloire de son vivant, un musée lui est désormais dédié à Nogent-sur-Seine.

Malgré le caractère tragique de leur histoire d’amour, Camille Claudel et Auguste Rodin ont réalisé leurs plus belles œuvres au cours de cette période, nourris de leur relation fusionnelle, passionnelle, ravageuse, sans limites.

« Un jour que Rodin me rendait visite, je l’ai vu soudain s’immobiliser devant ce portrait, le contempler, caresser doucement le métal et pleurer. Oui, pleurer. Comme un enfant. Voilà quinze ans qu’il est mort. En réalité, il n’aura jamais aimé que vous, Camille, je puis le dire aujourd’hui. Tout le reste – ces aventures pitoyables, cette ridicule vie mondaine, lui qui, dans le fond, restait un homme du peuple -, c’était l’exutoire d’une nature excessive. »
Eugène Blot à Camille Claudel, 3 septembre 1932.

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