9 juillet 2018
Crédit : Numéro Une
Véronique Olmi, Bakhita, 2017. Éditions Albin Michel.
Véronique Olmi raconte dans ce roman l’histoire de Joséphine Bakhita qui fut tout à tour esclave, domestique, religieuse et sainte. Enlevée à sept ans dans son village du Darfour, ayant connu toutes les horreurs et les souffrances de l’esclavage, rachetée à l’adolescence par le consul d’Italie, affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, entrée dans les ordres, cette femme exceptionnelle a ensuite traversé le tumulte des deux guerres mondiales en vouant sa vie aux enfants pauvres.
L’histoire de Bakhita est une leçon d’humanité, de courage, de détermination et de résilience. Véronique Olmi en a fait un roman poétique, évocateur, un texte qui reste en nous longtemps après sa lecture.
Prix du roman Fnac 2017
Monica Sabolo, Summer, 2017. Éditions J.C. Lattès.
Summer a disparu sans laisser de traces lors d’un pique-nique au bord du lac Léman, dans les arbres, dans l’eau, dans le vent. Vingt-cinq ans plus tard, son frère Benjamin commence une thérapie et petit à petit se souvient. Des morceaux de Summer et de leur histoire ressurgissent les uns après les autres, réveillant des secrets de famille, jusqu’à ce que les pièces du puzzle finissent par s’assembler.
Monica Sabolo a écrit un texte bouleversant, équilibre harmonieux entre le thriller et le roman poétique. Les images sont puissantes, troublantes. La langue fascinante. Un des plus beaux textes que j’ai lu au cours des dernières années.
Première sélection du Prix Goncourt 2017. Finaliste du Goncourt des Lycéens 2017.
Evelyne Pisier, Caroline Laurent, Et soudain, la liberté, 2017. Éditions Les Escales.
Evelyne Piser voulait faire un roman de l’histoire de sa mère et, à travers elle, de la sienne. L’histoire de deux femmes modernes, passionnées, engagées, ayant traversé des décennies de vie politique, d’amour, de drames. Caroline Laurent devient son éditrice. Les deux femmes commencent alors une écriture à quatre mains. Lorsqu’Evelyne meurt en février 2017, Caroline décide de poursuivre l’écriture du roman, comme celle qui était devenue son amie le souhaitait.
Original par sa forme, sensible, profond, ce roman touche le cœur. On le referme emplie de force et de soif de liberté.
Prix Marguerite Duras 2017. Prix Première plume 2017. Grand Prix des lycéennes Elle.
Alice Zeniter, L’Art de perdre, 2017. Éditions Flammarion.
Alice Zeneiter fait vivre trois générations meurtries par la guerre d’Algérie dont est originaire la famille de l’héroïne, Naïma. Les questions identitaires qui tendent la société française renvoient en effet la jeune femme aux pertes successives vécues par sa famille, par son grand-père harki et par ses descendants qui restent en quelque sorte prisonniers de ce passé : la perte de la guerre, la perte du pays d’origine, la perte de la langue maternelle, la perte d’une histoire familiale qui n’a jamais été racontée.
Dans une grande fresque romanesque, l’auteure raconte l’histoire de cette famille déracinée des montagnes de la Kabylie au triste décor d’une HLM normande. Elle écrit aussi, plus largement, un roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions sociales.
Prix Goncourt des Lycéens 2017.
Lize Spit, Débâcle, 2018. Éditions Actes Sud.
À Bovenmeer, un petit village flamand, Laurens, Pim et Eva sont les trois seuls enfants nés en 1988, inséparables jusqu’à l’adolescence où leurs rapports se fissurent. Un été de canicule, les deux garçons conçoivent un plan : faire se déshabiller devant eux, et plus si possible, les plus jolies filles du village. Pour cela, ils imaginent un stratagème : la candidate devra résoudre une énigme en posant des questions ; à chaque erreur, il lui faudra enlever un vêtement. Eva doit fournir l’énigme et servir d’arbitre si elle veut rester dans la bande. Elle accepte, sans savoir encore que cet « été meurtrier » la marquera à jamais. Treize ans plus tard, devenue adulte, Eva retourne pour la première fois dans son village natal, avec un plan…
La tension monte crescendo. En alternant le présent et le passé, Lize Spit utilise ses talents de scénariste pour tenir le lecteur en haleine jusqu’à la fin. Avec une écriture hyperréaliste, crue et froide, l’auteure a écrit un texte choc, salué par la critique, devenu un véritable best-seller. On ne ressort pas indemne de la lecture de ce roman traitant à la fois des malaises adolescents, du rejet social et du repli communautaire.
Nadia Oswald, La Femme qui ressuscite, 2018. Éditions Le Nouvel Attila.
Dans un très beau premier roman, Nadia Oswald raconte le mystère incroyable qui entoure le réveil, en février 1919, dans une clinique de Berlin, d’une jeune femme devenue amnésique après s’être jetée dans un fleuve, en qui l’on croit reconnaître Anastasia Romanov. Cette jeune femme pourrait en effet être la dernière survivante du clan Romanov, la fille du Tsar Nicolas II épargnée par les bolcheviks. Mais la jeune femme n’a plus de souvenirs. Elle reconstruit peu à peu sa mémoire sans savoir si l’identité qu’on veut lui faire porter est bien la sienne.
En tissant les fils de ce qui reste l’une des plus grandes énigmes du 20e siècle, Nadia Oswald analyse les consciences, les émotions, les tiraillements de la mémoire, avec finesse et talent.
Nanoucha Van Moerkerkenland, Le cœur content, 2018. Éditions Gallimard.
Dans ce premier roman, Nanoucha Van Moerkerkenland fait entendre les voix d’un groupe de jeunes gens. Au centre de ce groupe, une jeune femme, Elsa. Elsa qui aime le chaste et torturé Zacharie et le rude et sentimental Andreï. Ils ont vingt-cinq ans et font ménage à trois, formant ce que l’auteure nomme un « trouple ». Artistes dans l’âme, anticonformistes et exaltés, ces grands enfants pour qui il est difficile de grandir se retrouvent face à leurs désillusions, jusqu’au drame vers lequel tout le récit est tendu.
Très beau premier roman à l’écriture flamboyante, à la fois crue et sensible.
Sarah Schmidt, Les sœurs de Fall river, 2018. Éditions Rivages.
Sarah Schmidt a construit un roman fascinant à partir de l’un des faits-divers les plus célèbres d’Amérique : la découverte par Lizzie Borden, le 4 août 1892, à Fall River, des corps de son père et de sa belle-mère sauvagement assassinés. La fragilité de la jeune fille va vite attirer les soupçons même si la société misogyne de l’époque ne peut croire qu’une femme soit responsable de meurtres aussi horribles.
Le roman de Sarah Schmidt n’est pas une enquête journalistique ou policière mais une plongée dans l’intimité d’une famille pour en expliquer les comportements et les émotions. L’auteure dénoue avec virtuosité leurs secrets et la complexité de la relation qui unit les deux sœurs, Lizzie et Emma, aux prises avec les carcans de l’époque. Devenu un best-seller dans plusieurs pays, le roman est en cours d’adaptation pour le cinéma et la télévision.
Isabelle Carré, Les Rêveurs, 2018. Éditions Grasset.
Isabelle Carré raconte avec grâce l’histoire de sa famille, une famille de rêveurs touchante et un peu décalée dont le cheminement est mu par une soif de liberté. Elle raconte tout d’abord l’histoire de sa mère puis son enfance à elle pendant ces années soixante-dix où tout semblait possible. C’est l’univers de toute une époque qu’elle peint avec sensibilité. C’est aussi de sa métamorphose, grâce au théâtre qui va la révéler à elle-même, dont elle fait le récit.
Les Rêveurs est un très joli livre, émouvant, qui commence comme un roman et s’achève davantage comme un texte autobiographique.
Grand Prix RTL Lire 2018.
Par Laura / Bouton d'or, Les lettres